Ce n’est plus un secret, le cannabidiol gagne du terrain auprès du public français en plus d’attirer de nombreux investisseurs. Le chiffre d’affaires lié aux ventes des produits CBD a quasiment triplé ces 5 dernières années laissant entrevoir un avenir radieux pour la filière. Mais dernièrement, une ombre s’est mise à planer sur le secteur : le gouvernement français a proposé un décret visant à encadrer « l’ouverture du marché du cannabidiol en France » et à interdire la vente des fleurs et feuilles de chanvre. Un projet qui risque d’avoir d’énormes conséquences sur la filière.
De quel projet de décret s’agit-il concrètement ?
Le décret actuellement en étude émane d’une proposition de Matignon (résidence et lieu de travail du Premier ministre français). En effet, dans le but de se conformer aux directives européennes concernant le cannabidiol, la France a décidé de revoir sa législation longtemps rester floue sur la production et la vente de produits dérivés du chanvre. Les « services du Premier ministre » ont ainsi présenté le 25 mai dernier ledit projet de décret avec des dispositions qui prévoient substantiellement de légaliser la vente des produits issus du CBD (huiles, crèmes, sirops, etc.), mais à l’opposé de prohiber la vente des « fleurs et des feuilles » de CBD. Un dernier point qui fait grincer des dents du côté des acteurs de la filière.
Que reproche-t-on aux fleurs de CBD ?
Disponibles aussi bien en ligne que dans les magasins physiques, les fleurs de CBD font partie des produits préférés des Français. Beaucoup profitent d’une CBD promo pour s’offrir des fleurs de chanvre de bonne qualité et à bas prix afin de profiter de leurs bienfaits (antistress, antidouleur…). Mais, que reproche-t-on à ces fleurs au point de vouloir interdire leur commercialisation ?
Selon certains, la méthode de consommation par combustion (comme pour la cigarette traditionnelle) serait l’une des raisons qui motivent cette restriction prochaine. Réputée dangereuse, cette méthode appréciée des Français entraînerait sur le long terme des problèmes de santé. Autre raison évoquée, des doutes sur la teneur réglementaire en THC (substance psychotrope) des fleurs de CBD. Le taux maximal autorisé étant de 0,2 %, nombreux sont aujourd’hui les producteurs qui ne s’assurent pas de la conformité de leurs produits auprès de laboratoires certifiés.
Les éventuels impacts sur la filière en cas de concrétisation du décret
En cas de validation de ce projet de décret, les conséquences pour la filière risquent d’être dévastatrices. En voici quelques-unes.
Une réticence des investisseurs
Une réglementation pareille pourrait entraîner une certaine réticence chez les éventuels investisseurs. Les fleurs de CBD constituent (selon les dernières statistiques) 60 % du marché des produits au cannabidiol. En interdisant leur commercialisation, le gouvernement réduit l’accès au marché du produit phare et risque de provoquer un désintérêt des entrepreneurs.
Une fermeture des magasins spécialisés
À l’annonce de la proposition de décret, plusieurs sondages ont été effectués auprès des agriculteurs grossistes et des revendeurs. Si les premiers devront plus se reconcentrer vers la transformation en produits finis de leurs cultures (en cas d’officialisation), les seconds, eux, dépendent fortement de la vente des fleurs. Leur fonds de commerce est principalement alimenté par ce produit ; s’en passer entraînerait irrémédiablement une faillite et une perte des emplois.
Une réduction de la production de fleurs
Selon les professionnels de la filière, ce projet constitue un blocage pour une émergence totale du marché du CBD. Les producteurs qui comptaient procéder à une expansion de leur exploitation en augmentant la superficie de culture se retrouveraient contraints à réduire leur production voire à la stopper en cas de forte répression.